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GUNAIKEIA
VOL 18 N°9
2013
Zeno Gouw
G1668F
Torsion tubaire isolée
Zeno Gouw
1
, Ann Van Waes
2
, Lisbeth Jochems
2
1. Étudiant en quatrième master de Médecine, KU Leuven
2. Service de Gynécologie, ZNA Sint-Erasmus, Borgerhout
Cas clinique
Une femme de 35 ans (G0P0A0) se présente aux urgences
pour des douleurs intenses au niveau de la fosse (iliaque)
droite. Cette douleur, présente depuis quelques heures, est
constante, s'intensifie et irradie dans son flanc droit et sa
jambe. Aucune irradiation dans le dos. La patiente a besoin
de bouger et a dû vomir à deux reprises. Elle ne signale
aucun problème de miction ou de défécation et ses der-
nières menstruations remontent à environ trois semaines.
Ses antécédents incluent un abcès du Douglas il y a quatre
ans et une fracture du poignet. On lui connaît aussi une
addiction à l'héroïne pour laquelle elle est actuellement
sous méthadone (20mg par jour). Elle prend également du
bromazépam (12mg par jour). À l'examen clinique, l'abdo-
men est souple avec douleur à la percussion, douleur à
la décompression abdominale et douleur prononcée à la
pression à hauteur de la fosse droite. Le péristaltisme est
normal et il n'y a aucune douleur rénale à la palpation.
L'auscultation cardiaque et pulmonaire ne révèle aucune
anomalie. L'examen biochimique montre une légère aug-
mentation de la CRP (8,1mg/l; nl < 5). Le test de grossesse,
l'urine du milieu du jet et la radiographie abdominale sont
négatifs. La tomodensitométrie abdominale révèle quant à
elle une structure kystique multiloculaire au niveau rétro-
utérin droit dans le petit bassin. Le radiologue pose le dia-
gnostic différentiel de torsion de l'ovaire, d'hydrosalpinx
ou de complication d'un kyste ovarien.
La patiente reçoit du paracétamol IV, du kétorolac, du tra-
madol, de l'alizapride et du piritramide. Elle est laissée à
jeun, et une laparoscopie diagnostique et thérapeutique
est planifiée pour le lendemain matin.
Pendant la laparoscopie, un important hydrosalpinx est
décelé à hauteur de la trompe droite, qui s'est enroulée six
fois autour de son axe (
Figures 1 et 2). Une tubectomie
droite est pratiquée (
Figure 3). L'examen pathologique de
la trompe révèle une dégénérescence hémorragique pro-
bablement consécutive à une torsion. La patiente se réta-
blit bien après l'opération et peut quitter l'hôpital dès le
lendemain.
L
es torsions de l'ovaire ou de l'annexe comptent parmi les urgences gynécologiques les plus fréquentes, quel que soit
l'âge de la patiente. Une torsion isolée de la trompe de Fallope est toutefois bien plus rare (1). Cette torsion tubaire
isolée survient au niveau de la partie centrale de la trompe ou à hauteur du mésosalpinx (large structure ligamen-
taire qui soutient la trompe). La littérature sur les torsions tubaires isolées est restreinte et se limite essentiellement à des
(ensembles de) rapports de cas. Cet article présente un exemple de torsion tubaire isolée ainsi qu'un aperçu sommaire du
tableau clinique, des examens, du traitement et du pronostic.