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terme, plutôt que de faire place à une succession
permanente de nouveaux intervenants issus de
services toujours différents qui viennent prendre
contact avec les victimes au fil du temps.»
Le rôle central du médecin généraliste
Une fois la situation résolue sur le terrain, les
médecins et infirmiers des services hospitaliers
constituent le maillon suivant dans la chaîne des
soins. Mais aux yeux de notre spécialiste des
traumas psychiques, c'est surtout le médecin
de famille qui va jouer un rôle central. «Une
étude que j'ai réalisée en partenariat avec des
collègues de l'UCL et de l'Institut scientifique de
Santé publique a révélé que sur le long terme,
le médecin généraliste est le seul maillon de la
chaîne d'intervenants dont les victimes restent
satisfaites. Le médecin généraliste est lui-même
en mesure de déterminer si quelqu'un doit
idéalement se faire accompagner ou non pendant
un certain temps dans la gestion de l'événement.»
`Quatre saisons'
Lors de cette phase d'intégration ultérieure
également - toujours selon Erik De Soir -, on
a parfois tendance à faire assez vite appel à
la médication (antidépresseurs, hypnotiques,
anxiolytiques, etc.), même lorsque la personne
réagit de manière parfaitement normale à son
processus de gestion du choc, du traumatisme
ou du deuil. «C'est dommage et il n'est d'ailleurs
pas nécessaire d'accélérer une intégration
normale, car l'environnement social incite la
personne à reprendre rapidement le travail ou les
activités ordinaires antérieures à l'événement.
Les gens doivent avoir le droit de se prendre en
main pour gérer leur processus d'intégration
du deuil ou du choc comme ils l'entendent.» Et
l'assimilation proprement dite de l'événement
mettra nécessairement en jeu la couleur des
quatre saisons qui suivront. «Le vécu de toutes
les dates pertinentes sera nécessaire à la prise
de conscience et au ressenti de ce que l'on a
précisément perdu», conclut le thérapeute des
traumatismes psychologiques.
Et lorsqu'il s'agit de parents ayant perdu un
enfant, de nombreuses saisons seront peut-être
nécessaires pour qu'ils puissent donner une place
à cette perte.
Conseils utiles relatifs au comportement
à adopter envers des enfants
·
Les enfants éprouvent les mêmes émotions que les adultes. La seule
différence est qu'ils ne sont pas encore capables de les nommer ou
de les exprimer verbalement. Ils parleront de mal de ventre ou de
peur, par exemple.
·
Les enfants exprimeront plus rapidement leurs émotions dans un
lieu qui a subi peu de changements du fait de l'événement, comme à
l'école. Une bonne communication avec l'école est donc importante.
·
Les enfants très jeunes peuvent être incités à s'exprimer par le biais
du dessin et du jeu.
·
Les enfants ont beaucoup de mal à `juste' s'occuper de leur chagrin
et de leur perte. Il est important de leur laisser de la place pour
continuer à mener leurs activités ordinaires (sport, jeu, etc.).
·
Faites jouer un rôle au défunt dans le vécu de l'enfant (par exemple
en envoyant un bisou vers une étoile dans le ciel tous les soirs).
·
Si vous ne voulez pas vous retrouver avec de petits princes ou
princesses, n'offrez pas `d'extra' aux enfants (aller au lit plus tard,
nourriture, jeux, cadeaux, etc.) sous prétexte qu'un drame est survenu
dans leur entourage.
RRIAVs
L
e sigle RRIAVs résume les notions suivantes, qui jouent un
rôle important durant la période qui suit immédiatement un
accident grave ou un traumatisme collectif:
·
Rituels:
les rituels mettent en forme l'indicible: un moment de
silence, une fleur que l'on dépose à l'endroit du décès de l'être
cher, saisir la main, réciter un poème à voix basse, etc.;
·
Reconnaissance:
la reconnaissance vise au respect de votre
statut de victime; de la place doit être faite au respect de vos
sentiments et à la manière dont vous-même, vous souhaitez
exprimer votre sentiment de perte, de chagrin et d'angoisse;
·
Information:
l'information concernant ce qu'il s'est passé
exactement, comment cela est arrivé, les séquelles à prévoir,
etc. est le point de départ du processus d'intégration;
·
Assistance:
l'aide provenant de votre entourage naturel, des
gens qui étaient importants pour vous avant la perte ou le
traumatisme occupe une place centrale dans l'intégration
d'une perte dramatique;
·
Victimisation secondaire:
elle peut survenir si la situation
s'aggrave en raison du manque de compréhension, de
réactions maladroites, de rumeurs dans les médias ou autres
bruits de couloir, qui viennent vous frapper une seconde fois
en tant que victime. Ces écueils doivent être évités à tout prix.
Conseils issus de Een heel klein beetje oorlog... Omgaan met
traumatische ervaringen, Erik De Soir, 2006, Lannoo
Erik De Soir travaille en tant que thérapeute des traumatismes
psychologiques au Centrum voor Trauma & Meditatie de
Leopoldsburg
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Le Journal du Patient N°9 Décembre 2012
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