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GUNAIKEIA
VOL 18 N°7
2013
régression spontanée des lésions péritonéales a été rap-
portée, suggérant une dépendance hormonale (12).
L'ES est typiquement retrouvée sur le péritoine pelvien
viscéral recouvrant l'utérus (le cas de notre 2
e
patiente),
les trompes de Fallope, les ovaires et le cul-de-sac de
Douglas (1
ère
patiente). Des localisations moins fréquentes
concernent le péritoine pelvien pariétal, l'épiploon, la ves-
sie, la séreuse intestinale, l'aire péri-aortique et la peau
(13-15).
L'ES est présumée être une affection bénigne asympto-
matique, retrouvée fortuitement et associée à d'autres
affections telles qu'une salpingite, une endométriose (2
e
patiente) ou une tumeur séreuse (1
ère
patiente). quelques
rares cas cliniques suggèrent une association ES-dou-
leur pelvienne. L'étude rétrospective de Keltz (4) portant
sur 51 laparoscopies pour douleur pelvienne a trouvé 6
cas d'ES, soulagée après chirurgie. Ceci suggère que l'ES
peut s'exprimer cliniquement par une douleur pelvienne.
Elle a peut-être été négligée étant donné la coexistence
ES-endométriose.
L'ES est souvent de découverte microscopique fortuite;
ce qui est le cas de nos deux patientes. Elle est souvent
associée aux tumeurs ovariennes séreuses. Elle est géné-
ralement non reconnue par les gynécologues au moment
de la coelioscopie ou bien diagnostiquée comme endomé-
triose. Macroscopiquement, l'affection est souvent non
discernable. Quand elle est visuellement évidente, l'ES se
présente comme des petites lésions kystiques, blanches à
jaunes, translucides ou opaques, et ponctuées.
Un traitement médical de l'ES avec les analogues de gona-
dotrophines a été utilisé avec une efficacité variable. une
dégénérescence maligne a été documentée en associa-
tion avec l'endocervicose et une résection chirurgicale
a été recommandée pour les lésions vésicales d'origine
mullerienne (3).
La moyenne d'âge de survenue de l'ES est de 42 ans
(11). Les signes cliniques sont représentés par la douleur
pelvienne, qui est le symptôme dominant, suivie par la
ménorragie et l'infertilité. D'autres tableaux cliniques
précèdent sa découverte fortuite, comme une masse
pelvienne, un ballonnement abdominal, une métrorragie
post-ménopausique.
La laparoscopie avec excision des lésions d'endométriose
retrouve soit une endométriose isolée, soit une ES isolée
ou l'association des deux dans 33%, 31% et 11% des cas
respectivement (11).
L'ES est retrouvée le plus généralement sur la séreuse
utérine des pièces d'hystérectomie. Elle siège aussi sur
le péritoine des parois pelviennes, la vessie, les ligaments
utérosacrés, l'espace para-vaginal, l'espace para-rectal et
le cul-de-sac de Douglas. L'ES a également été retrouvée
sur un kyste du ligament large, le mésosalpinx, l'épiploon,
le placenta et les ganglions lymphatiques pelviens.
L'ES est une entité clinique importante puisqu'elle peut
s'associer à la douleur pelvienne chronique, peut poser
de sérieux problèmes diagnostiques au lavage péritonéal,
a été retrouvée en association avec les néoplasies ova-
riennes et cervicales et peut subir une transformation
maligne. Malheureusement, son diagnostic est souvent
manqué puisqu'il est faussé par l'endométriose.
La laparoscopie avec excision des lésions suspectes d'en-
dométriose va probablement augmenter l'incidence de l'ES
simplement par le diagnostic. L'excision des lésions sus-
pectes va non seulement améliorer nos connaissances sur
l'ES, mais peut être le traitement le plus approprié à cette
affection.
Conclusion
L'endosalpingiose est une lésion bénigne de diagnostic
positif difficile. Celui-ci est histologique, de découverte
fortuite, et l'aspect est celui d'inclusions glandulaires
microkystiques et proliférantes du tractus génital et du
péritoine. La distinction avec une dissémination méta-
statique de tumeur séreuse ovarienne est parfois difficile,
ce qui justifie le traitement chirurgical. La surveillance
est clinique et biologique. Le potentiel évolutif est incer-
tain; cependant, il reste dans l'ensemble très favorable et
ce diagnostic d'endosalpingiose permet d'éviter aux pa-
tientes un mauvais pronostic et certaines thérapeutiques
complémentaires lourdes.
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