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GUNAIKEIA
VOL 18 N°7
2013
d'une mutation BRCA1 ou BRCA2 (14). Ce pourcentage
monte à 50% en cas de cancer ovarien séreux de haut
grade (15), une forme de cancer contre laquelle l'olaparib a
démontré un taux de réponse significatif (16) ainsi qu'une
amélioration de la PFS, mais pas de la survie globale en
traitement d'entretien en cas de cancer de l'ovaire sen-
sible au platine en rechute (17). Ceci avait amené l'arrêt du
développement de l'olaparib dans les cancers de l'ovaire.
«
Cependant, une analyse non planifiée des patientes avec
mutation BRCA suggère que l'olaparib permet une meil-
leure PFS et une meilleure survie globale que dans les autres
sous-groupes
», signale Jonathan Ledermann (Londres).
C'est dans ce contexte que les mutations BRCA ont été
déterminées de manière rétrospective chez 121 patientes
supplémentaires (18). L'actualisation rapportée ici a réé-
valué le bénéfice de l'olaparib en fonction du statut BRCA
germinal, qui n'était pas requis à l'entrée dans l'étude. Et
les résultats sont clairs: chez les patientes présentant une
mutation germinale, la survie sans progression est allon-
gée de 4,3 à 11,2 mois (HR = 0,18; p < 0,00001), alors
que le bénéfice reste modeste chez les patientes «BRCA
sauvage». Enfin, une tendance à une meilleure survie glo-
bale chez les patientes «mutées» se dessine, avec un gain
de 3 mois non significatif (34,9 mois contre 31,9 mois;
HR = 0,74; p = 0,208). Le temps jusqu'à introduction d'un
second traitement est également significativement allon-
gé chez les patientes mutées, passant de 16,3 à 23,8 mois
(HR = 0,46; p < 0,0003), avec une qualité de vie équiva-
lente dans les deux groupes.
Cancer du col au stade avancé: ajouter
l'immunothérapie?
Combiner une chimiothérapie à base de dérivé du platine
avec la radiothérapie assure une meilleure survie en cas de
cancer du col de stade avancé que la radiothérapie seule.
Mais les résultats sont loin d'être parfaits, ce qui a suscité
de nouvelles voies d'abord complémentaires. Parmi celles-
ci, l'immunothérapie, dont le potentiel a été présenté par
une équipe japonaise avec le Z-100. Cet agent immuno-
modulateur,
in vivo, prolonge la survie quand il est com-
biné à la radiothérapie et réduit le risque métastatique, la
dose la plus efficace étant de 40µg (19). Cependant, un
essai clinique de phase III a montré ensuite que la dose la
plus faible (0,2µg) offrait une meilleure survie que la dose
standard (20). C'est donc cette dose minimale qui devait
être comparée au placebo dans un essai portant sur 249
femmes atteintes d'un carcinome épidermoïde du col uté-
rin de stade FIGO 2B-4A (21). Ce traitement était combiné
conjointement à la chimio- et/ou à la radiothérapie à rai-
son de 2 injections/semaine, ensuite toutes les 2 semaines
jusqu'à récurrence au cours de la période de suivi, durant
laquelle une chimiothérapie adjuvante était également
prescrite. Premier constat, le nombre de décès observés
a été nettement moindre que prévu, ce qui a conduit à
l'arrêt de l'étude après 5 ans de suivi (69,8 mois). Deuxième
constat, la survie globale, objectif principal, a été améliorée
(75,7% à 5 ans contre 65,8%; HR = 0,646), mais de façon
non significative (p = 0,0737). La survie sans récurrence
a par contre été similaire dans les deux groupes, comme
c'est le cas dans d'autres essais d'immunothérapie (22).
Dépister efficacement les femmes à
haut risque de développer un cancer de
l'ovaire
Le dépistage annuel du cancer de l'ovaire tel qu'il est pra-
tiqué dans la plupart des centres par dosage du CA125
et ultrasonographie transvaginale ne réduit pas la mor-
talité chez les femmes à haut risque (défini comme étant
> 10% avant 35 ans), car il semble manquer de sensibilité
pour détecter un cancer de l'ovaire au stade précoce (23).
UK FOCSS (
UK Familial Ovarian Cancer Screening Study)
a dans une première phase mis en doute ce manque de
sensibilité (81,3%) et démontré la haute valeur prédictive
négative (99,9%) et la valeur prédictive positive acceptable
(25,5%) de cette manière de procéder. «
Cependant, sou-
ligne Adam Rosenthal (Londres),
la proportion de cancers
de stades I et II découverts est vraiment fort basse (30,8%)
et le bénéfice sur la survie n'a pas été démontré (24), ce
qui pose la question du délai entre deux dépistages.
» C'est
dans ces conditions qu'une deuxième phase a débuté en
2007 avec un dépistage quadrimestriel du CA125, doublé
d'une échographie transvaginale en cas d'augmentation
des taux et référence au gynécologue si ce dernier exa-
men se révèle également anormal (25). 4.531 femmes ont
ainsi été dépistées entre 2007 et 2012 et suivies durant
3,75 ans en moyenne; 30.375 dosages du CA125 et 12.309
échographies ont été réalisés. La performance de ce mode
de dépistage est résumée dans le
tableau. Par ailleurs,
contrairement à la première phase (dépistage annuel),
au cours de laquelle tous les cancers ont été détectés par
l'échographie, le dosage du CA125 est pareillement inté-
ressant en phase II. Enfin, les cancers d'intervalle ont été
diagnostiqués très rapidement.
«
AGO-OVAR16 a montré le même bénéfice global en PFS que
d'autres agents anti-angiogéniques proposés en maintenance
(GOG 218, ICON-7), sans bénéfice sur la survie cependant. Il
n'est pas impossible que cette absence de bénéfice soit liée aux
traitements proposés après progression. Mais le pazopanib
engendre un taux élevé d'hypertension artérielle, gérable
malgré tout. Dans l'essai sur l'olaparib, le statut gBRCAm
(mutation germinale de BRCA) a confirmé être un prédicteur
puissant (HR = 0,18), qui sera utilisé lors des études de phase
III qui viennent de démarrer. Avec POLKA, on peut retenir que
le volasertib a montré une activité similaire en monothérapie
que d'autres agents, mais qu'il nous faut attendre l'analyse
des biomarqueurs pour mieux cerner son intérêt. Enfin, l'essai
avec le Z-100 illustre à quel point il est difficile d'estimer
l'efficacité d'un traitement. Cela dit, l'intérêt de combiner
radiothérapie et immunothérapie semble confirmé.
»
Paul Sabbatini (Memorial Sloan Kettering Cancer Center,
New York)