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COMMUNIQUÉ DES LABORATOIRES PFIZER
La varénicline est efficace et bien tolérée,
même chez les patients fragiles
D'après l'interview du Dr Aad Bosmans
1
, par Jean-Yves Hindlet
1. Département de Psychiatrie-Tabacologie, AZ Sint-Maria Halle et CHU Brugmann
La cessation tabagique constitue un enjeu majeur de santé publique. La mise à disposition d'aides au sevrage efficaces et bien tolérées est donc
importante. L'étude qui est discutée ici avec le Dr Aad Bosmans montre que la varénicline (Champix
®
) est efficace et bien tolérée chez les sujets
ayant souffert ou souffrant d'une dépression majeure. Cette conclusion est doublement importante, d'abord parce que cette population est davantage
dépendante à la nicotine (1) et ensuite parce qu'elle aurait pu être plus sensible à un éventuel effet négatif de la varénicline.
Etudier des populations
fragiles
La varénicline (Champix
®
) est un ago-
niste partiel des récepteurs nicotiniques.
Elle est indiquée dans le sevrage ta-
bagique. La varénicline a d'abord été
étudiée dans la population générale,
mais parce qu'il était également néces-
saire d'évaluer son efficacité et sa sécu-
rité dans des populations spécifiques,
Pfizer a réalisé des études sur des
populations plus fragiles, tels des pa-
tients cardiaques (stables), des patients
atteints de BPCO ou encore chez des
patients souffrant de schizophrénie ou
de troubles schizo-affectifs (2-4). Dans
l'étude qui nous occupe ici, ce sont des
patients avec une dépression majeure
ou des antécédents récents de dépres-
sion majeure qui ont été suivis. Le pro-
tocole de cette étude a été mis sur pied
en collaboration avec l'EMA pour être
sûr que toutes les questions concernant
cette population particulière trouveraient
réponse.
Efficacité et sécurité chez
des fumeurs ayant souffert
ou souffrant de troubles
dépressifs majeurs (5)
L'étude a été menée auprès de 525
hommes et femmes âgés de 18 à 75
ans et motivés à arrêter de fumer. Ceux-
ci ont reçu de la varénicline pendant 12
semaines et ont été suivis pendant les
40 semaines suivantes. Les participants
présentaient un trouble dépressif ma-
jeur - sans symptômes psychotiques
- et étaient stables sous traitement an-
tidépresseur, ou avaient été traités avec
succès durant les 2 dernières années.
L'étude démontre que les patients traités
avec la varénicline pendant 12 semaines
avaient plus de chances d'arrêter de
fumer après 12 semaines de traitement
(critère d'évaluation primaire) et de res-
ter abstinents pendant le suivi jusqu'à
52 semaines (critère d'évaluation se-
condaire) en comparaison avec le pla-
cebo. En effet, le taux d'abstinence
continue entre les semaines 9 et 12 a
été de 35,9% pour la varénicline vs
15,6% pour le placebo, tandis que le
taux d'abstinence continue pendant les
semaines 9-52 a été de 20,3% pour la
varénicline vs 10,4% pour le placebo.
Les effets secondaires les plus fréquem-
ment rapportés pour la varénicline ver-
sus placebo étaient les nausées (27,0%
vs 10,4%), les maux de tête (16,8% vs
11,2%), des rêves anormaux (11,3% vs
8,2%), une irritabilité (10,9% vs 8,2%) et
des insomnies (10,9% vs 4,8%).
Différentes échelles psychiatriques ont
été utilisées afin d'évaluer en détail
l'impact sur la dépression même ainsi
que sur l'anxiété et les idées suicidaires.
Même chez les patients de cette popu-
lation considérés comme fragiles, au-
cune différence n'a été constatée entre
les 2 bras sur le plan de la dépression
comme du risque suicidaire. Rappelons
au passage qu'aucune relation causale
entre l'administration de varénicline et le
suicide n'a jamais été démontrée.
Particularités et fragilités des
populations psychiatriques
«De précédentes études ayant in-
clus des patients recrutés au sein de la
population générale avaient donné des
résultats rassurants sur le plan de la sé-
curité (6). La suite logique était de tester
la varénicline sur diverses populations
psychiatriques. Celles-ci se distinguent
de la population générale sur différents
points. D'abord, les pathologies psychia-
triques sont associées à un risque ma-
joré à la fois de dépendance à la nicotine
(52%, soit un risque doublé par rapport
à la population générale; environ 90% de
fumeurs chez les schizophrènes) (7) et
de suicide. D'autre part, un tabagisme
intense accroît le risque de suicide (en
effet, la fonction sérotoninergique est
alors diminuée, ce qui accroît l'agressivité
et la létalité des actes suicidaires) (8).
Enfin, une relation entre le nombre de
tentatives de sevrage et la dépression a
été décrite (elle serait liée au sentiment
d'échec qui en découle) (9).»
Une étude bien réalisée (5)
«Le recrutement a concerné un nombre
important de patients. Cette population
homogène et cohérente de patients
souffrant ou ayant souffert de dépres-
sion majeure aurait été sensible à une
éventuelle aggravation du risque de
dépression induit par l'arrêt tabagique.
En outre, l'étude était de type randomisé
contrôlé et menée en double aveugle
versus placebo. Les échelles psychia-
triques utilisées pour déceler les altéra-
tions psychiatriques étaient pertinentes.
Enfin, d'après mes renseignements,
l'analyse statistique a été menée dans
les règles de l'art.»
L'enjeu de cette étude
«L'arrêt des habitudes tabagiques con-
stitue un enjeu majeur de santé publi-
que, tant les coûts humains et finan-
ciers sont importants. Dans ce cadre,
la mise à disposition d'aide au sevrage
tabagique est cruciale. Plusieurs études
avaient montré que la varénicline per-
mettait d'obtenir des taux d'abstinence
supérieurs à ceux des alternatives (10).
Il était donc important d'être rassuré
quant à sa sécurité d'emploi.
L'arrêt du tabac n'est que trop rare-
ment proposé aux patients psychia-
triques. Plusieurs raisons peuvent
être avancées, comme la crainte de
l'aggravation de la pathologie psychia-
trique, l'échec présupposé ou encore
parce que l'on considère que d'autres
problèmes sont à prendre en charge de
manière prioritaire. Pourtant, le risque
cardiovasculaire est bien souvent très
élevé chez les patients psychiatriques
(obésité, syndrome métabolique, dia-
bète...) (11) et l'arrêt du tabac apparaît
comme la mesure préventive la plus ef-
ficace, bien plus que le contrôle lipidique
ou tensionnel par exemple (12).»
Sur le plan de la sécurité (5)
«Les différentes échelles psychiatriques
n'ont pas permis de différencier la varé-
nicline du placebo. Il ne semble donc
plus y avoir de raison objective de se
méfier de la varénicline et il convient de
rassurer tant les patients que nos con-
frères.
Personnellement, je n'avais jamais
connu de suicide sous varénicline. Par
contre, il m'est arrivé d'interrompre le
traitement en cas d'aggravation de la
dépression, par précaution, car il m'était
impossible de savoir si elle était liée au
sevrage ou à la varénicline...
Les nausées, les maux de tête et les troubles
du sommeil ­ rêves anormaux, problèmes
d'endormissement... ­ sont les effets secon -
daires les plus fréquents. Les deux pre-
miers sont aisément contrôlables. Les pro-
blèmes de sommeil demandent un peu plus
d'attention. Ils peuvent exprimer une aggra-
vation de la dépression ou être liés à l'arrêt
tabagique ou à la varénicline.
In fine, on ob-
tient une bonne adhérence des patients.»
Sur le plan de l'efficacité (5)
«A 52 semaines, on obtient 20,3%
d'abstinence sous varénicline contre
10,4% sous placebo. Ces chiffres sont
comparables à ceux généralement ob-
servés dans la population générale,
alors qu'ils ont été obtenus dans une
population
`difficile', où les taux de
réussite sont plus bas. En effet, les
symptômes de sevrage sont plus im-
portants chez les patients dépressifs,
ce qui influe négativement sur le taux
de réussite (13).»
Chez qui utiliser la
varénicline?
«La varénicline réduit les symptômes
de sevrage et le craving, c'est-à-dire
l'envie irrépressible de fumer. Son utili-
sation s'inscrit dans un contexte où la
motivation doit être présente. Celle-ci
Dr Aad Bosmans
Les auteurs concluent qu'un traitement par varénicline
auprès de fumeurs ayant souffert ou souffrant d'une
dépression majeure:
·
augmente significativement les chances d'arrêter de
fumer par rapport au placebo après 12 semaines de
traitement;
·
augmente aussi les chances de rester abstinent après 1 an;
·
est bien toléré et n'a pas d'impact sur la maladie
psychiatrique du patient.
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est indispensable à la réussite du
sevrage (14).
Elle peut être prescrite à tous les candi-
dats au sevrage, à l'exception de ceux
en décompensation psychique, ou qui
ne sont pas motivés.
Le choix de la méthode de sevrage dépend
de son expérience. Personnellement,
j'utilise la varénicline en première ligne.
Bien entendu, la prescription de varé-
nicline s'inscrit dans une prise en
charge plus globale, où il est question
d'entretenir la motivation du patient, de
prendre en charge les différentes com-
posantes de la dépendance (physique,
psychologique, comportementale) et
d'accompagner le patient dans sa dé-
marche (gestion de la prise de poids,
du temps devenu libre, du stress... par
exemple par la prescription de sport).»
Références
1. Breslau N, Kilbey MM, Andreski P. Nicotine
dependence and major depression. New
evidence from a prospective investigation. Arch
Gen Psychiatry 1993;50(1):31-5.
2. Rigotti NA et al. Efficacy and safety of
varenicline for smoking cessation in patients
with cardiovascular disease: a randomized trial.
Circulation 2010; 121:221­229.
3. Tashkin DP et al. Effects of varenicline on smoking
cessation in patients with mild-tomoderate
COPD: A randomized controlled trial. Chest 2011;
139:591­599
4. Jill M. Williams Robert M. Anthenelli, Chad D.
Morris et al. A randomzed, double blind, placebo
controlled study evaluating the safety and efficacy
of varenicline for smoking cessation in patients
with schizophrenia or schizoaffective disorder.
J Clin Psychiatry 2012;73(5):654-660
5. Anthenelli RM et al. "Effects of Varenicline
on Smoking Cessation in Adults with Stably
Treated Current or Past Major Depression",
Annals of Internal Medicine September 2013.
6. Tonstad S et al. Psychiatric adverse events in
randomized, double-blind, placebo-controlled
clinical trials of varenicline: a pooled analysis. Drug
Saf 2010; 33:289­301.
7. Hughes JR, Hatsukami DK, Mitchell JE, Dahlgren
LA. Prevalence of smoking among psychiatric
outpatients. Am J Psychiatry 1986;143(8):993-7.
8. Yaworski D, Robinson J, Sareen J, Bolton JM.
The relation between nicotine dependence and
suicide attempts in the general population. Can J
Psychiatry 2011;56(3):161-70.
9. Berlin I, Chen H, Covey LS. Depressive mood,
suicide ideation and anxiety in smokers who
do and smokers who do not manage to stop
smoking after a target quit day. Addiction
2010;105(12):2209-16. doi: 10.1111/j.1360-
0443.2010.03109.x. Epub 2010 Sep 15.
10. Mills EJ, Wu P, Lockhart I, et al. Comparisons of
high-dose and combination nicotine replacement
therapy, varenicline, and bupropion for smoking
cessation: a systematic review and multiple treatment
meta-analysis. Ann Med 2012;44(6):588-97. doi:
10.3109/07853890.2012.705016. Epub 2012 Aug 6.
11. Andrade C. Primary prevention of cardiovascular
events in patients with major mental illness: a
possible role for statins. Bipolar Disord 2013 Oct
10. doi: 10.1111/bdi.12130. [Epub ahead of print]
12. Critchley JA, Capewell S. Mortality risk reduction
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with coronary heart disease: a systematic review.
JAMA 20032;290(1):86-97.
13. Aubin HJ, Rollema H, Svensson TH, Winterer
G. Smoking, quitting, and psychiatric disease: a
review. Neurosci Biobehav Rev 2012;36(1):271-
84. doi: 10.1016/j.neubiorev.2011.06.007. Epub
2011 Jun 23.
14. SmPC Champix.
Article rédigé à la demande de Pfizer. Les propos recueillis
par le journaliste n'engagent que la personne interviewée.
130977 ­ Octobre 2013
Les auteurs concluent qu'un traitement par varénicline
auprès de fumeurs ayant souffert ou souffrant d'une
dépression majeure:
·
augmente significativement les chances d'arrêter de
fumer par rapport au placebo après 12 semaines de
traitement;
·
augmente aussi les chances de rester abstinent après 1 an;
·
est bien toléré et n'a pas d'impact sur la maladie
psychiatrique du patient.
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