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Le Spécialiste
13-21
26 décembre 2013
www.lepsecialiste.be
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I
L'avenir s'annonce sombre
L'année écoulée a été ponc-
tuée pour le secteur de la
cardiologie d'une série de
coups durs et de mauvaises
nouvelles... Et 2014 ne s'an-
nonce hélas pas plus rose!
Tout au long des douze mois écoulés, les mesures
d'économies linéaires se sont succédées à un rythme soute-
nu. Dans un système de pay-for-service, c'est évidemment
une absurdité complète à moyen et à long terme, mais le
gouvernement ne s'est malheureusement pas encombré
d'une telle considération. Le remboursement d'examens
technologiques est raboté sans aucune vision avec, à la
clé, d'une part un déficit de plus en plus marqué de bon
nombre d'établissements hospitaliers déjà sous-financés
et, d'autre part, une tendance consciente ou inconsciente à
la surconsommation. Tout le monde en est bien conscient,
mais personne ne fait rien.
Le manque de vision des autorités apparaît de façon plus
flagrante encore lorsqu'elles décident, en concertation
avec les principaux acteurs concernés (à l'exception de la
société scientifique BSC et du Collège, systématiquement
écartés des décisions stratégiques), d'autoriser des dizaines
de nouveaux laboratoires de cathéterisme B1-B2. Une telle
mesure ne manquera pas de déboucher sur une augmenta-
tion des dépenses en cardiologie interventionnelle, d'une
part, et sur une baisse de la qualité suite à un morcellement
accru, d'autre part. Là encore, chacun en est conscient mais
personne ne fait rien.
Et entre-temps, on assiste à un nombre sans cesse crois-
sant d'innovations diagnostiques, qui ne sont pas rembour-
sées. Les patients cardiovasculaires belges ne méritaient
pourtant pas cela!
Pr Guy Van Camp
, président de la
Belgian Society of Cardiology (BSC)
Surveiller la qualité sans forfaitarisation bureaucratique
En 2014, de nombreuses compétences seront transférées
du fédéral aux communautés. Les soins en deviendront-ils
plus efficients, ou allons-nous nous trouver empêtrés dans
une structure encore plus complexe, avec encore plus de
règles à respecter? A l'Absym, nous défendons plus que ja-
mais une participation active reposant sur la concertation
et nous sommes prêts à prendre nos responsabilités à de
multiples niveaux.
Nous continuons à défendre une médecine libre de qualité,
que nous tenons à évaluer en continu. Cette surveillance
doit toutefois être organisée sans avoir recours à une for-
faitarisation purement bureaucratique. Les soins priment
sur un enregistrement irréfléchi et répétitif à différents
niveaux de pouvoir.
Les technologies de l'information ne peuvent pas devenir un
outil d'économies: leur objectif doit être d'aider les méde-
cins à partager de manière simple et sélective les données
médico-sociales du patient avec d'autres prestataires
­ et elles doivent bénéficier pour
cela d'un financement suffisant.
Les malades chroniques béné-
ficieront d'une prise en charge
plus multidisciplinaire, dont le
généraliste sera le véritable pi-
vot. Les «case managers» dont
rêvent des professeurs ex-
soixante-huitards complète-
ment dépassés à la Yvo Nuyens et
Jan De Maeseneer sont une piste à éviter.
La participation des patients aux soins de santé devrait être
organisée de façon structurelle et dans le respect des pres-
tataires de soins. Force est toutefois de constater que les
mutuelles, désireuses avant tout de protéger leurs propres
intérêts, font encore trop peu d'efforts en ce sens.
Dr Luc De Clercq
, rhumatologue, président du VAS,
section Anvers, Limbourg et Brabant flamand
Les prémices d'évolutions majeures
Les grandes révolutions n'étant
guère dans la nature du secteur,
les soins de santé ne seront sans
doute pas radicalement diffé-
rents en 2014 de ce qu'ils ont
été en 2013. On peut néan-
moins s'attendre à voir se
dessiner, dans le courant de
l'année prochaine, les prémices
d'évolutions majeures. Je
songe en première instance au
nouveau système de financement de nos hôpitaux et aux
répercussions de la sixième réforme de l'Etat, qui se feront
surtout sentir dans le secteur des soins aux personnes âgées.
Le rôle de plus en plus marqué des nouvelles technolo-
gies est une autre évolution, peut-être moins visible, mais
certainement pas moins fondamentale. En 2014, le grand
public sera exposé pour la première fois aux systèmes
d'e-health, peaufinés depuis de nombreuses années et
dont le développement futur dépendra de l'accueil que leur
réservera la société. Les hôpitaux et autres structures
continueront à s'informatiser de plus en plus, notamment
en vue d'accroître la performance de leurs dossiers-pa-
tients. Les données de santé seront aussi de plus en plus
partagées par le biais de la plateforme e-health, mais aussi
au sein de la première ligne, grâce à la première application
de Vitalink (le partage du schéma médicamenteux). Nous
nous préparons ainsi peu à peu à un système de soins qui
table beaucoup sur la collaboration pour affronter la flam-
bée des maladies chroniques et préserver voire améliorer
la qualité des soins, et où un patient de mieux en mieux
informé endossera un rôle (pro)actif dans l'organisation
de sa prise en charge. On ne peut qu'espérer que ceux qui
nous gouvernent auront à coeur, en 2014, d'accorder aux
TIC l'attention et la place qu'ils méritent.
Peter Raeymaekers
, cadre ICT, technologie et
construction chez Zorgnet Vlaanderen
Si la qualité des soins
est toujours au
rendez-vous, c'est
grâce aux prestataires!
Sur le plan politique, l'année écoulée
nous aura appris que la ministre des
Affaires sociales et de la Santé pu-
blique Laurette Onkelinx (PS) a mal-
heureusement la liberté de prendre
les décisions qui lui chantent. Alors
que tous les secteurs sont priés de
faire des économies, elle entérine
la reconnaissance des médecines
alternatives (ouvrant toute grande
la porte à leur remboursement),
supprime le contingentement (ce
qui risque d'aggraver la surconsom-
mation dans le Sud du pays), auto-
rise les mutuelles à rembourser des
séances de sauna... et on en passe.
Le seuil coin de ciel bleu réside dans
sa politique anti-tabac, qui est indé-
niablement positive. Cela ne com-
pense toutefois évidemment pas
l'absence de réelle vision pour les
soins de santé du futur. A l'heure
actuelle, force est de constater que
notre offre de soins reste de bonne
qualité, grâce aux prestataires et en
dépit du système. La sixième réforme
de l'Etat va rendre les choses encore
plus complexes, encore plus chères,
et représentera un véritable boulet
financier pour la Flandre ­ tout cela
grâce aux partis traditionnels.
Il n'y a donc qu'une seule manière
d'en finir avec cette situation: un
système de soins de santé flamand
qui conserve ce qui fonctionne et
adapte ce qui doit l'être. C'est là
que réside l'opportunité de recons-
truire un système social stable ­ un
système où il fait bon travailler pour
les prestataires et qui assurera des
soins de qualité aux patients pour
les cinquante années à venir.
Dr Louis Ide
, biologiste
clinique et sénateur N-VA
2014