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Le Spécialiste
13-6
10 avril 2013
www.lespecialiste.be
Steingarten en Barossa
La plus célèbre région de la province de
South Australia se partage en deux vallées
contiguës, Eden et Barossa. Située à 70km
au nord-est d'Adélaïde, la capitale, elle fut
en partie colonisée au 19
e
siècle par des
migrants germanophones. Depuis, le Riesling
fait partie de l'héritage culturel et cultural de
l'état. Il y reste le cépage majoritaire.
Jacob's Creek Steingarten
Riesling
Une vieille histoire... Après une traversée de
4 mois, le Bavarois Johann Gramp, âgé de
18 ans, débarque en Australie en 1837. Dix
ans plus tard, il plante son premier vignoble
sur les rives de la Jacob's Creek. Le domaine
familial passe le siècle et voit se succéder
les générations. Parmi les fleurons de sa
gamme, on trouve le Riesling Steingarten,
littéralement «jardin de pierres». Il porte
bien son nom: les ceps sont plantés sur une
saillie rocheuse et poussent dans un sol plus
caillouteux que terreux.
Riesling Steingarten 2010
Barossa
Robe
: jaune citrin, il brille comme une
gemme. Nez: il avoue d'emblée sa fascination
pour les envolées hydrocarbures. Des raisins
secs et une grosse pincée de poivre viennent
s'accoler à l'élan minéral. Bouche: un éclat
fruité semble transpercer les papilles de traits
de lychee, de pêche blanche et de mirabelle.
L'accent pétrolé se nuance de fumée, les
épices s'amplifient et contribuent à l'incision
linguale.
Marc Vanhellemont
MS7579F
TROUVÉ CHEZ UN CAVISTE - AUSTRALIE
Un Riesling au pays des
kangourous
Qui pense vins australiens imagine l'or clair d'un Chardonnay ou la
sombre robe d'un Shiraz, deux cépages bien emblématiques de la
production australe. La production de Riesling n'est cependant pas à
négliger! En volume produit, l'Australie se place à la deuxième place
mondiale, entre l'Allemagne qui caracole en tête et l'Alsace bonne
troisième...
Accords
Ce Riesling bien sec et d'une grande
pureté accompagne volontiers les
fruits de mer, dont il rehausse le
caractère iodé. Dans le même registre,
mais plus exotiques, les sushis
trouvent dans le Steingarten un
compagnon de table à la hauteur de
leur expression. Enfin, plus classique,
il sied aux poissons cuits vapeur
accompagnés de légumes verts.
Son caractère minéral le préconise
également sur les fromages à pâte
cuite, voire les fromages chauds.
VOS LOISIRS
MS7517F
Vin «nature»:
il est urgent de réglementer
Périodiquement, sous la plume de distingués collègues, je lis que la
mention de «vin nature», très à la mode actuellement, usurpe le
terme de «nature»; que ses adeptes sont, au mieux, des illuminés
et, au pire, des escrocs. Le débat fait rage, ces jours-ci, en France.
L
'année dernière, en Italie, on est allé encore plus loin: chez un caviste, des policiers
ont fait enlever des panonceaux «Vino Naturale» pour infraction à la loi sur
l'étiquetage, la mention n'étant apparemment pas prévue dans le code italien de la
consommation.
Même si j'ai des doutes sur certains vins naturels, pas tant sur le principe que sur leurs
qualités organoleptiques, je ne souhaite pas, comme d'autres, qu'on jette le bébé avec l'eau
du bain. Je trouverais dommage qu'à cause de quelques sagouins pour qui «nature» veut dire
«moindre effort», on musèle les bons professionnels; ceux qui, tout en soufrant peu, ou pas,
font tout pour ravir le consommateur, ou au moins pour ne pas les faire... souffrir!
Cela ne m'empêche pas d'être sensible à certains arguments.
Primo, le terme de «nature» est équivoque; quand des confrères affirment que le jus de
raisin laissé à lui-même donne naturellement du vinaigre, il y a une part de vérité.
Secundo, le terme de nature n'est pas assez encadré. Je souhaiterais que ce qui n'est
actuellement qu'un engagement volontaire soit délimité par la loi. Fixons une fois pour
toutes un plafond de soufre ajouté et que seuls ceux qui sont en dessous puissent porter
le nom de «nature» (ou autre). Qu'on décide une fois pour toutes si un vin dit nature doit
forcément être bio - et donc, encadré par le cahier des charges du bio. Qu'on traque les
déviances aussi, ce qui doit pouvoir se faire avec des analyses en labo.
Qu'un organisme certificateur, une autorité quelconque, prenne la responsabilité d'un
vrai label apposé sur l'étiquette. Et surtout, qu'il nous débarrasse une bonne fois pour
toutes de la pomme blette, de la standardisation par l'oxydé, bref de tout ce qui constitue
pour moi l'antithèse de la philosophie naturiste! Car, si le non-interventionnisme poussé
à l'extrême (à savoir, dans bien des cas, un manque d'hygiène) aboutit à gommer toute
expression d'une origine, à faire qu'un pinot d'Alsace ne se distingue plus d'un gamay du
Beaujolais, à quoi bon parler de nature?
Bref, je réclame qu'il y ait à la fois une obligation de moyens (niveau de soufre maximal, liste
limitative et niveaux des traitements à la vigne et au chai), mais aussi de résultat (un vin sain).
Le vin nature ou naturel (faute de lui trouver un meilleur nom) est pour moi une piste
intéressante, et même l'expression d'une liberté fondamentale, celle de penser et de
vinifier comme on le souhaite. Mais la liberté de bien faire s'arrêtant là où commence celle
d'usurper le qualificatif de «nature», je crois indispensable que le législateur s'en mêle...
Il ne vous reste plus qu'à aller vous-mêmes les rencontrer...
Hervé Lalau
Points de vente via Pernod-Ricard
Belgium, 02/663.62.62 ou
prb@pernod-ricard.com