nous avons eu l'occasion d'évoquer avec Marc Justaert le rôle (futur) de ce second volet de notre entretien, le prési- dent de la MC analyse pour nous l'influence des mutuelles sur la politique de santé. de l'Offre médicale, au Conseil National des Etablissements Hospitaliers (CNEH), à la Commission de Remboursement des Médica- ments (CRM), au Conseil Technique Médical, à la médico-mut... et on en passe! «Cette forte représentation nous permet de contri- buer à orienter la prise de décision politique, explique Marc Justaert. A la médico-mut et à la CRM, cela passe par exemple par un rééqui- librage des honoraires: nous revalorisons les actes intellectuels et adaptons la valeur des prestations dans le cadre de la nomenclature. Cela n'a rien de neutre. C'est une manière de préserver l'équilibre entre les disciplines moins attrayantes et celles qui sont au contraire très populaires.» L'organisme assureur a également son mot à dire dans la planification de l'appareillage médical lourd. «Au sein du CNEH, nous contri- buons à formuler des recommandations sur le nombre d'appareils médicaux onéreux (IRM, CT, etc.) ou de centres de cardiologie en nous basant sur les budgets disponibles, le nombre de patients et la répartition géographique. Dans un contexte où les moyens sont res- treints, la concertation est essentielle», sou- ligne le président de la MC. La MC aide également à maintenir le cap pour les dépenses en médicaments, un aspect que l'Inami maîtrise aujourd'hui de mieux en mieux. «Les autorités pèsent de tout leur poids sur la fixation des prix par le biais du système du remboursement de référence, de la régu- lation des produits hors brevet et d'un certain nombre de baisses linéaires. La médico-mut se charge quant à elle de donner un feedback aux médecins sur leurs prescriptions, ce qui est loin d'être un luxe au vu des différences énormes que l'on observe parfois entre pra- tiques. Les écarts excessifs sont corrigés par le biais d'un monitoring. Ce ne sont pas des économies aveugles reposant sur une baisse de volume globale, mais des réductions ciblées là où les médecins prescrivent trop... et c'est aussi une manière de les aider à mieux prendre conscience des coûts.» ment une véritable mine de données statis- tiques, qui sont notamment exploitées par le biais de l'Agence Intermutualiste (AIM), mais aussi parfois mises à la disposition de tiers. «Là encore, les mutuelles ont un rôle impor- tant à jouer, souligne Marc Justaert. Dans le cadre d'un projet mené dans les hôpitaux flamands, nous fournissons par exemple des informations à un groupe de travail qui déve- loppe des indicateurs de qualité transversaux, qui concernent les établissements dans leur ensemble.» Le président de la MC n'est toutefois pas plei- nement favorable à la diffusion publique des données hospitalières. «Nous voulons renforcer la qualité là où elle est insuffisante grâce à des incitants positifs. Dans le cadre du projet d'indi- cateurs que je viens de mentionner, chaque éta- blissement est actuellement libre de publier ou non ses données sur son site internet, explique Marc Justaert. Si certains points noirs persistent après la deuxième ou la troisième évaluation, il sera toutefois difficile de faire comme si de rien n'était. Faudra-t-il alors imposer des sanc- tions financières ou au contraire plutôt morales, par exemple par le biais d'une publication des données? Cela reste à voir... mais pas question, pour la MC, d'en arriver un jour à un classement public des hôpitaux!» Marc Justaert ne pense pas non plus qu'il soit suffisant de poster des données médicales sensibles et les indicateurs de qualité des établissements de soins sur un site internet centralisé. «Le mieux serait que les patients mutuelle ou à leur généraliste, qui pourra leur donner des explications éclairées. En cas d'hospitalisation planifiée, ils pourront ainsi choisir en concertation avec le médecin l'établissement le plus adéquat.» eux-mêmes 25 à 30% du coût de leurs soins de santé, ce qui n'est évidemment pas peu. L'assurance obligatoire manque-t-elle à ses devoirs? Le président de la MC tient à relati- viser, rappelant que la Belgique conserve des soins de santé relativement accessibles en comparaison avec l'étranger. «Officiellement, le ticket modérateur est limité à 10%. Il faut également se souvenir que cette quote-part personnelle est aussi une manière d'orienter les soins de santé... et que le tiers-payant social permet tout de même de préserver l'accessibilité.» marges de délivrance et forfaits en tous genres peuvent avoir un poids financier considérable. «D'après le 8 tive au niveau des suppléments d'honoraires et de chambre dans les chambres doubles. Par contre, ce qui augmente, ce sont les supplé- ments d'honoraires en chambre simple. Je suis particulièrement choqué par les prix pratiqués dans les maternités, qui pèsent très lourd sur le budget des jeunes parents.» de sa mutualité choisit explicitement et volontairement de limiter le remboursement des suppléments à 100% des honoraires dans les chambres simples, estimant que «rem- bourser davantage provoquerait une spirale ascendante». la politique de santé missions de l'Inami et du SPF Santé publique, la MC contribue à influencer la prise de décisions politiques. La masse d'informations (statistiques) sur les soins de santé dont elle dispose est pour elle un autre facteur de puissance. la sixième réforme de l'Etat qui est actuellement en préparation. «Mieux eût valu transférer un ensemble de compétences homogènes, comme par exemple les interventions pour les personnes handicapées. Ici, tout va sim- plement devenir encore plus compliqué.» En outre, le président de la MC craint de voir surgir des litiges entre régions et communautés, particuliè- rement à Bruxelles. «Même s'il y a une plus-value dans certains domaines, la mise en pratique est loin d'être évidente», ajoute-t-il. tout cas rester inchangée contraire- ment à celle des Mutualités Socialistes, sont pratiquement indépendantes l'une de l'autre depuis plusieurs années déjà. Pour Marc Justaert, une telle évolution n'est clairement pas à l'ordre du jour. «La MC ne possède pas de structure bicéphale. Notre organisa- tion est calquée sur celle du gouvernement: l'assurance- maladie relève des services nationaux, mais nous avons aussi des structures régionales pour tout ce qui touche par exemple au bien-être. Le pré- sident et le secrétaire général (actuellement Jean Her- messe) appartiennent chacun à un rôle linguistique différent, même si je tiens beaucoup à ce que, à partir d'un certain niveau, tout le monde soit parfaitement bilingue. et la manière dont les soins y sont organisés. Les néerlandophones et les francophones vont devoir y dégager des solutions qui permettront à chaque groupe d'être soigné dans sa langue.» |