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l
Neurone
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Vol 18
·
N°7
·
2013
lement l'importance de l'héroïnomanie,
mais aussi le risque de SIDA. Pour l'al-
cool, les outils actuels vers une substitution
progressive de l'alcool sont essentielle-
ment les benzodiazépines, le baclofène,
l'oxybate sodique, la prégabaline, le nal-
mefène, la naltrexone... (8), qui ont des
cibles spécifiques. Mais s'il en existe
beaucoup d'autres, on dispose déjà au-
jourd'hui d'un beau panel de possibilités
(Figure 1) (9).
Oxybate sodique
Sel sodique du GHB, un précurseur du
GABA A et du GABA B, l'oxybate so-
dique permet une réduction des symp-
tômes de manque et un taux modéré-
ment bon d'abstinence de l'alcool (9).
Deux essais ont montré qu'il est signi-
ficativement meilleur que la naltrexone
pour maintenir l'abstinence (10). Les
combiner est également très positif
(11).
Ondansetron
La sérotonine et son récepteur 5HT3
pourraient avoir un rôle dans la consom-
mation excessive d'alcool. Ainsi, chez
l'animal, le blocage de ces récepteurs
diminue la libération de dopamine et
entraîne une baisse de consommation de
l'alcool. Une dérégulation des systèmes
sérotoninergiques peut contribuer au
développement ou au maintien d'une
dépendance à l'alcool. Après libération,
la sérotonine est ramenée de la fente sy-
naptique vers la terminaison pré-synap-
tique par le transporteur 5-HTT, qui est
responsable d'interrompre l'action de la
sérotonine. Mais il existe un polymor-
phisme dans le gène codant pour ce
transporteur. La région du gène soumise
au polymorphisme, celle du promoteur,
que l'on appelle 5-HTTLPR (serotonin-
transporter-linked polymorphic region
)
existe selon 2 allèles principaux: l'allèle
S (short) et L (long).
L'ondansetron étant un antagoniste des
récepteurs 5HT3, il était intéressant d'ap-
précier son efficacité chez les patients al-
cooliques, ce qu'il a démontré de ma-
nière significative, en réduisant la sévérité
de l'alcoolisation chez les individus
alcoolodépendants porteurs du génotype
LL du récepteur à la 5-HTTLPR (12).
Le buzz du baclofène
«Alors que j'avais sombré dans l'alcool,
un médicament m'a libéré de l'envie
compulsive de boire... Ce livre raconte
ma maladie et ma guérison.»
Cette
phrase qui figure en couverture, à côté
de la photographie d'Olivier Ameisen,
un cardiologue français, a lancé la saga
du baclofène, une saga que la littérature
ne supporte que du bout des lèvres avec
5 essais cliniques à la dose de 30mg/
jour: deux études en ouvert, un essai
contrôlé versus diazepam et deux études
randomisées contrôlées versus placebo à
4 semaines (13) et à 12 semaines chez
des patients cirrhotiques (14). Quant à
l'expérience française, qui porte au-
jourd'hui sur plus de 1.000 patients, elle
Médicaments susceptibles
de bloquer la cascade
Processus pathologique
et comportement
Désir d'alcool,
craving positif
Alcoolisme aigu
«Centre du plaisir»,
production de dopamine
Alcoolisme chronique
Hypersensibilité
du SNC
Arrêt, craving négatif
durant l'abstinence
Rechute
Naltrexone, nalmefène
Ondansetron
Topiramate
Acamprosate
Disul ram
Figure 1: Blocage de la cascade de l'alcoolodépendance.
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Number of pa
tien
ts
Maximal dose of baclofen taken by patients (mg/day)
Figure 2: Doses utilisées pour obtenir un résultat.