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l
Neurone
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Vol 18
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N°7
·
2013
sa conclusion est plutôt défavorable à
une euthanasie pure et dure. Il pense
que l'être humain veut plus l'apaisement
que la mort et que l'on pourrait donc,
pour résoudre le problème moral,
s'orienter vers une attitude de suicide
assisté où le patient accomplit le dernier
geste, le médecin lui donnant les moyens
de le réaliser. Mais ceci pose le problème
de la «répugnance» générale à se suici-
der et, par ailleurs, de la capacité à pou-
voir le faire en cas de pathologie ayant
évolué et handicapant le patient sur le
plan moteur et/ou mental...
Le débat final, au Parlement français, sera
à suivre de manière très intéressante!
La réunion du CMA
La traditionnelle réunion du CMA était
organisée en collaboration avec l'Asso-
ciation française de Psychiatrie biolo-
gique et neuropsychopharmacologique.
Trois exposés ont lancé les débats dans
le domaine «Ganglions de la base et Psy-
chiatrie». L. Mallet (Paris) a commencé
par une anecdote: «Une dame arrive aux
urgences dans un état mélancoliforme
profond... Après un entretien de 15 mi-
nutes avec l'urgentiste, elle en ressort
avec le sourire... Que s'est-il passé? Son
stimulateur cérébral profond (placé dans
un contexte de maladie de Parkinson au
stade évolué) s'était éteint et a été réac-
tivé par le programmateur... bien utile
dans un service d'urgences!» Il a pour-
suivi en rappelant que la stimulation cé-
rébrale profonde (dans la région ventrale
du striatum) peut restaurer le fonctionne-
ment optimal du réseau fronto-striatal
dans les troubles obsessionnels et com-
pulsifs. L'un des éléments théoriques à la
base de ce traitement est que l'activité
multimodale de neurones du noyau
sous-thalamique est en rapport avec le
comportement de vérification.
D. Drapier (Rennes) a abordé le sujet de
l'apathie: Marin (20) en fait un concept
transnosographique comportant un défi-
cit primaire de motivation avec diminu-
tion des activités, perte d'intérêt et ré-
duction des émotions, retrouvé dans di-
verses pathologies neuropsychiatriques.
Sur le plan neurobiologique, on retient
l'implication du cortex orbito-frontal bi-
latéral et cingulaire postérieur. Il est as-
sez fréquemment secondaire à la stimu-
lation du noyau sous-thalamique plutôt
qu'au niveau pallidal interne. Chez les
schizophrènes, l'apathie est considérée
comme un facteur prédictif de troubles
d'adaptation sociale et de mauvaise ré-
ponse thérapeutique. De même, chez le
patient dépressif, l'apathie est considé-
rée comme un facteur d'évolution péjo-
rative avec risque élevé de rechute. Sur
le plan thérapeutique, il est important de
redéfinir les rôles respectifs des agonistes
dopaminergiques, particulièrement (21)
de la L-dopa, voire du méthylphénidate.
P.M. LLorca (Clermont-Ferrand) a expli-
cité l'approche thérapeutique particu-
lière des troubles psychiatriques particu-
liers associés à la maladie de Parkinson.
Il considère en effet que les complica-
tions psychiatriques retrouvées dans
cette affection ­ la dépression, la psy-
chose et l'addiction ­ ont des caractéris-
tiques spécifiques qui les différencient
de la nosologie usuelle (22). Ainsi, la
dépression parkinsonienne démontre
moins de culpabilisation et d'auto-accu-
sations, mais plus d'anxiété, d'irritabilité
et de troubles cognitifs associés. On y
retrouve aussi plus d'idées suicidaires,
mais moins d'actes, remplacés sans
doute à l'occasion par des demandes
d'euthanasie. Par contre, on y voit peu
de perte de plaisir (anhédonie). Sur le
plan thérapeutique, seulement 66% des
patients sont traités ­ le diagnostic de
dépression parkinsonienne est donc en-
core trop souvent méconnu, sans doute
masqué par les autres symptômes
comme l'akinésie ­ et 50% environ ne
répondent pas aux médications habi-
tuelles (SSRI et tricycliques) (22, 23). Le
pramipexole serait la seule médication
spécifique reconnue par l'EBM dans ce
contexte (24).
La psychose parkinsonienne relève
d'une clinique restrictive: illusions criti-
quées puis hallucinations surtout vi-
suelles, sentiments de présence, délire
de type paranoïa. Le traitement mis en
avant par l'orateur est la clozapine à
faible dose, qui bénéficie d'une publica-
tion très favorable (25), compte tenu de
la nécessité bien connue d'un suivi at-
tentif du taux de leucocytes (risque
d'agranulocytose).
Pour le trouble d'addiction à la L-dopa,
surtout caractérisé par le manque de
contrôle et un sentiment d'euphorie,
les propositions thérapeutiques com-
prennent outre l'aide psychologique,
l'amantadine, le topiramate, la nal-
trexone et peut-être le zonisamide.
L'apathie devient un concept transnosographique comportant
un déficit de motivation avec diminution du comportement,
perte d'intérêt et réduction des émotions.
La psychose parkinsonienne
relève d'une clinique
restrictive: illusions critiquées
puis hallucinations surtout
visuelles, sentiments de
présence, délire de type
paranoïa.