background image
44
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°7
·
2013
mais reste encore controversé chez
l'adulte. Cependant, il existe des
risques lors du sevrage des antiépilep-
tiques. La meilleure étude sur le sujet,
de classe I (contrôlée, randomisée),
émane de Lossius (9) et a été réalisée
en 2008 en Norvège (dans la région
d'Akerchus), où les auteurs ont pu no-
ter, après un an de suivi, un taux de 7%
de récidive dans le groupe où le traite-
ment avait été maintenu et suivi et 15%
de récidive dans le groupe où les pa-
tients avaient vu leur traitement anti-
épileptique progressivement stoppé,
compte tenu cependant de critères
d'exclusion comme une polythérapie
antiépileptique ou une épilepsie juvé-
nile myoclonique (RR 2,46; 95% CI:
0,85-7,08; p = 0,095). Le sevrage n'a
pas entraîné de modification significa-
tive de la qualité de vie et de l'EEG. Les
facteurs prédictifs favorables étaient un
examen neurologique normal et le trai-
tement par carbamazépine.
De manière plus générale, et dans des
études de moindre qualité, on note que
l'arrêt des antiépileptiques peut entraî-
ner, dans toutes les formes d'épilepsie,
une récidive dans 25% des cas à 1 an et
29% à 2 ans, d'après, entre autres, la
méta-analyse de Berg (10). Ce risque de
récidive est particulièrement plus élevé
pour les épilepsies commencées à l'âge
adulte que pour les épilepsies infantiles
(11).
En 1996, les guidelines de l'Académie
américaine de Neurologie reprenaient
les conditions suivantes pour envisager
un sevrage de traitement antiépileptique:
2 à 5 ans sans crise, un patient ne souf-
frant que d'un seul type de crise épilep-
tique, un profil neurologique et cognitif
normal, et un électroencéphalogramme
normal.
En résumé, le risque de complications
dues au sevrage est donc particulière-
ment élevé lorsque:
·
l'épilepsie débute dans l'adoles-
cence plutôt que dans l'enfance;
·
il s'agit d'une épilepsie partielle
symptomatique;
·
il y a combinaison de plusieurs types
de crises chez un même patient;
·
il s'agit de crises tonicocloniques
et/ou myocloniques;
·
on a observé un long délai avant
d'obtenir le contrôle des crises par
le traitement médicamenteux;
·
les réponses thérapeutiques ini-
tiales ont été mauvaises ou, en tout
cas, plus de 5 crises par an ont été
observées en cours d'évolution;
·
il y a polythérapie;
·
l'électroencéphalogramme est anor-
mal.
Bien entendu, la combinaison de plu-
sieurs facteurs de risque potentialise le
risque de sevrage. Par contre, l'orateur
signale comme facteurs favorables:
·
une épilepsie ayant démarré dans
l'enfance;
·
une épilepsie absence;
·
un seul type de crise épileptique;
·
une monothérapie rapidement effi-
cace;
·
une épilepsie partielle sous carba-
mazépine (10);
·
un examen neurologique normal;
·
un électroencéphalogramme nor-
mal.
De manière particulière, il faut préciser
que:
·
l'épilepsie partielle rolandique est
une forme d'épilepsie pour laquelle
la rémission spontanée est la règle
(12);
·
l'épilepsie absence infantile montre
une tendance fréquente à la rémis-
sion spontanée (12);
·
à l'inverse, l'épilepsie myoclonique
juvénile ne démontre pas habituel-
lement de rémission et est au
contraire
pharmacodépendante,
dans 90% des cas, selon la plupart
des auteurs.
Quoi qu'il en soit, la décision finale d'ar-
rêter ou non un traitement antiépilep-
tique doit être prise en concertation avec
le patient en fonction de divers facteurs
psychosociaux, dont un refus irrationnel
d'arrêter par peur de perdre le bénéfice
du traitement. Il faut également tenir
compte d'aspects professionnels comme
la conduite automobile. Quant à la du-
rée du sevrage progressif, il n'y a pas de
différence dans les résultats entre un se-
vrage s'étalant sur 1 ou 9 mois, ceci du
moins chez l'enfant car, chez l'adulte, il
n'y a pas de données sur ce point.
Les lésions épileptogènes
focales et leur pronostic
F. Semah s'est intéressé aux lésions épi-
leptogènes focales et à leurs facteurs
pronostiques. Il faut d'abord rappeler
que la pharmacorésistance concerne
L'épilepsie myoclonique juvénile ne démontre pas
habituellement de rémission et est au contraire
pharmacodépendante dans 90% des cas.
La pharmacorésistance
concerne environ 20% des
épilepsies, mais 50% des
épilepsies partielles.
Ce niveau de
pharmacorésistance n'est
malheureusement pas
modifié par l'apparition des
nouveaux antiépileptiques.