![]() Kris Heyvaert comme un maître, un conseiller que l'on consulte avec grand respect. Depuis une trentaine d'années, la médecine a encore évolué au milieu des avancées technologiques, mais aussi dans le monde finan- cier et ses crises successives. Les progrès scientifiques ont changé l'approche diagnostique, devenue plus précise grâce aux différents types d'imagerie et à la biologie moléculaire, déterminant ainsi la médecine dite biologique. Ensuite, les thérapeutiques de plus en plus ciblées ont progressivement fait du chirurgien, mais aussi du médecin, un technicien très spécialisé, voire un ingénieur (1) fort pris par son travail, amenant à la notion de médecine industrielle (2). D'autre part, l'introduction de l'informa- tique dans le bureau médical a modifié le comportement du médecin, souvent plus attiré par son écran que par le patient, afin de remplir les nombreux documents administratifs devenus nécessaires pour les remboursements des soins. Dans un contexte économique défavorable, le médecin est de plus en plus soumis à la pression de «produire» autant, voire plus, mais en moins de temps, ce qui se ressent surtout dans les consultations. Certains praticiens en arriveraient à limiter le patient à deux questions par consultation! Par cette perte importante de disponibilité, on arrive insidieusement à une déshuma- nisation de la relation médecin-malade. Enfin, les soins étant plus centrés sur la maladie que sur la personne ceci surtout dans les hôpitaux , on observe l'apparition d'inégalités de santé par la non- prise en compte de l'aspect global (fragilités et comorbidités) et donc particulier de chaque patient. Ces inégalités se traduisent par les effets secondaires assez fréquents des traitements, la multiplication d'examens et d'hospitalisations... (3). tation Internet» pour obtenir les renseignements qu'ils ne reçoivent pas du médecin. Malheureu- sement, cette méthode apporte des informations pas toujours correctes et, surtout, il en manque la mise en perspective selon chaque cas particulier! Le patient devient donc plus égoïste, voire revendicateur, dans sa relation avec le médecin, dont il attend surtout maintenant un travail de technicien de la santé ou d'aide sociale, voire d'avocat quand il faut réaliser des rapports circon- stanciés à répétition pour obtenir l'intervention de mutuelles tatillonnes. Par contre, le médecin n'est plus toujours considéré comme un conseiller ou un confident, du moins par certains patients excédés par ces changements. vaille de plus en plus dans le stress. Il n'est pas trop tard pour réagir et réfléchir à des solutions pour retrouver de l'humanité dans la relation et éviter le «fast-consulting» et ses dérives. L'une des solutions serait évidemment de pouvoir à nouveau réaliser des consultations sans limite temporelle stricte, adaptées aux besoins exprimés par le patient et permettant de proposer des prises en charge plus larges (éducation...). sur la maladie, dans la bonne voie tracée depuis plusieurs années par les prises en charge pluridisciplinaires, mais encore trop peu mises en avant en raison de leurs coûts jugés excessifs. 1. |