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l
Neurone
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Vol 18
·
N°7
·
2013
NOUVEAUTES EN NEUROSCIENCES
N1956F
S'il est relativement aisé de faire disparaître des angoisses à l'aide de techniques
pharmacologiques ou psychothérapeutiques, celles-ci réapparaissent toutefois
tout aussi facilement. L'accent dans la recherche sur l'anxiété doit de ce fait être
mis sur la prévention des rechutes. Des recherches psychologiques et
neurobiologiques expérimentales dans un modèle de laboratoire sur l'anxiété ont
montré que l'élimination de l'angoisse nécessite l'apprentissage actif par des
techniques d'exposition (thérapie comportementale cognitive), étant donné que
la situation redoutée n'est en fait pas dangereuse. L'effet à long terme de ce
nouvel apprentissage dépend de processus mnésiques: le degré d'assimilation de
ce nouvel apprentissage et la facilité de son évocation depuis la mémoire. Des
recherches neurobiologiques portant sur les processus mnésiques ont débouché
sur le développement d'interventions pharmacologiques renforçant les effets à
long terme du traitement par exposition à l'angoisse. Les derniers développements
montrent que l'effacement pharmacologique de la source de l'angoisse de la
mémoire est également une option possible. Les conclusions dans ce domaine de
recherche translationnelle représentent un modèle pour un nouveau paradigme
de traitement dans lequel des interventions pharmacologiques sont destinées à
favoriser les processus cérébraux induits par des techniques psychothérapeutiques.
Réapparition de l'anxiété dans la pratique clinique
Il est relativement aisé de faire disparaître la plupart des angoisses à l'aide d'interven-
tions psychopharmacologiques ou psychothérapeutiques. Les interventions psycho-
pharmacologiques comprennent généralement l'administration de benzodiazépines
ou d'inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Concernant les interven-
tions psychothérapeutiques, l'efficacité des interventions comportementales cogni-
tives est avérée (1). Elles se basent sur l'exposition: le patient est exposé progressive-
ment à des stimuli avec une menace croissante (par ex. s'approcher toujours plus près
d'une araignée). Cela entraîne une diminution progressive de l'angoisse.
Les angoisses réapparaissent toutefois aussi facilement. Les effets des anxiolytiques
étant importants, l'arrêt du traitement peut entraîner un retour des angoisses (2). Les
effets à long terme de la thérapie comportementale cognitive (exposition) sont égale-
ment décevants (3). La prévention des rechutes représente aujourd'hui le principal
défi dans le traitement de l'angoisse. Ce problème a attiré l'attention d'un grand
groupe de chercheurs cliniques et précliniques qui ont uni leurs efforts au niveau in-
ternational dans le cadre d'un programme de recherche translationnel afin de renfor-
cer les effets des interventions par exposition.
Réapparition de l'anxiété dans les études cliniques
Dans le cadre de leurs travaux clinico-expérimentaux, les chercheurs ont examiné les
conditions dans lesquelles une rechute peut avoir lieu. Pour ce faire, ils ont traité des
Bram Vervliet
Psychologie de l'apprentissage et
Psychopathologie expérimentale (OE),
KU Leuven
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limination
et
rechute
de
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anxiété
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