En matière de perte de poids,
on entend tout et n'importe quoi...
Oui, de fait! En voici quelques
exemples: Il ne faut pas manger
du sucre en même temps que des
protéines; pour être certain de perdre
du poids, il faut manger moins de
1.000kcal/jour, il ne faut pas manger
de banane, cela fait grossir... et j'en
passe. Bref, des croyances qui ont de
quoi affoler notre pauvre petit cerveau
et en particulier notre hypothalamus.
Le grand paradigme relatif à
l'alimentation est que l'on est trop
gros parce qu'on mange trop, et
donc le raccourci évident semble être
«pour être mince et beau, mangeons
hypocalorique», et «au moins je
mangerai, au plus je maigrirai». Cette
croyance peut aller jusqu'à une phobie
alimentaire chez certaines personnes,
nécessitant alors une prise en charge
multidisciplinaire.
Le cerveau est-il le centre régulateur
de notre appétit?
Oui! Tout est une question de chimie
et de message qui partent de notre
hypothalamus. On ne peut priver notre
cerveau de messages nécessaires à
son équilibre. La biochimie de notre
cerveau influence notre manière de
manger, tout comme notre manière
de manger influence la biochimie de
notre cerveau. De fait, modifier ses
habitudes alimentaires en termes
de contrôle de ses calories peut
réellement modifier le métabolisme
de l'organisme. Ceci peut également
affecter les fonctions cérébrales.
L'influence des régimes sur le cerveau
est importante. Il est donc important,
pour contrôler le centre de la faim,
d'apporter une alimentation régulière,
à heure fixe et de qualité. Cette prise
alimentaire contrôlée donne un signal
clair à notre cerveau.
En voulant contrôler notre centre
de l'appétit, en nous privant,
nous tentons l'impossible!
Oui, c'est tout à fait cela! Nous
considérons qu'il ne faut pas manger
plus de 1.000kcal par jour, ou qu'il
ne faut pas manger tel ou tel aliment
après telle heure, nous sautons le
petit déjeuner, nous n'avons pas le
temps de manger suffisamment à
midi. Et nous sommes surpris d'avoir
des envies irrépressibles entre 16 et
19h, le plus souvent. En réalité, par
nos comportements, nous avons privé
notre hypothalamus d'une multitude
de messages convergents assurant
l'impression de satiété (impression
de ne plus avoir faim). Mais le plus
grave, c'est que ce comportement
de restriction alimentaire que
l'on s'impose empêche notre
hypothalamus d'envoyer des
messages à une partie de notre
système nerveux pour augmenter
notre dépense calorique.
Comment expliquer l'effet yoyo
des régimes?
De façon simplifiée, j'explique aux
patients pourquoi il faut manger pour
maigrir! Si l'hypothalamus est satisfait
par des messages apportés par un
repas équilibré, vous n'aurez pas
faim ou envie de manger entre les
repas, et surtout vous brûlerez plus
de calories. Si l'hypothalamus est
insatisfait, vous aurez faim et envie de
manger, et brûlerez moins de calories.
Après un certain temps, on craque, on
mange des aliments très caloriques
de manière compulsive. Et on prend
du poids, même si dans un premier
temps, on peut en avoir perdu. C'est
ce qui explique l'effet yoyo!
L'adolescence, une période sensible
L'adolescence est une période
où s'intriquent croissance rapide,
modifications hormonales et
physiques, perméabilité voire fragilité
aux informations relatives aux bienfaits
et effets délétères de certaines
catégories d'aliments.
Des besoins accrus, une alimentation
déstructurée, des croyances,
des besoins d'appartenance au
groupe rendent cette période de la
vie particulièrement propice à de
nombreux déficits et déséquilibres.
De nombreuses adolescentes
parfois inquiètes des transformations
physiques vécues et soucieuses
de garder une belle ligne peuvent
s'enfermer dans des logiques
alimentaires aberrantes, débouchant
dans le meilleur des cas sur des
comportements alimentaires
compulsifs banaux.
Parfois, l'adolescente peut développer
de véritables troubles des conduites
alimentaires, dont le traitement
sera très long et multidisciplinaire,
nécessitant parfois une hospitalisation
en milieu spécialisé.
u
Il faut particulièrement
protéger nos enfants
et nos adolescents des
fausses croyances en
matière de minceur.
33
Le Journal du Patient N°12 Juin 2013
Retrouvez-nous sur
blog.lejournaldupatient.be